Que vive le maraîchage !
Chantier école, colombage, terre pailleJuillet 2021, Montéléger
Aménagement d’espace commun
Terrains Vagues débarque à Montéléger pour une dizaine de jours et s’inspire des colombages bretons pour construire un parallélépipède rectangle avec structure bois, remplissage en torchis et isolation paille au plafond. Aidé par de nombreux·ses membres de l’AMAP et de copaines du coin, Terrains Vagues découpe une centaine de mi-bois et pose trois mètres cubes de mélange terre-paille.
Contexte
En 2021, Sylvain et Loïc s’installent en tant que maraîchers à Montéléger. Ils sont agriculteurs au sein d’une association de vente de légumes et de produits fermiers et avaient besoin d’un local pour organiser le stockage et la distribution des paniers de vente.Suite à plusieurs mois d’échanges, nous faisons le choix de construire en colombage et en utilisant le plus possible de matériaux de cueillette. Formé d’une structure porteuse en bois garnie de terre et de paille posé sur un lattis, le futur de la petite case se dessine.
Sur place, Sylvain, Loïc et Mathilde recherchent l’argile idéale autour de leurs terres : ni trop argileuse, ni trop siliceuse. Ils contactent leurs collègues pour les bottes de paille, mobilisent leur entourage pour participer au chantier et organisent l’accueil sur place.
Depuis Marseille, on prend contact avec la scierie locale rencontrée auparavant (Noz’Ateliers à Nozière, à 60 km du chantier), on dessine la structure, récolte des conseils auprès d’artisan·es travaillant la terre, on part en cueillette couper de la canne de provence au bord de la Durance et on affûte les ébauchoirs.
Phase 1
Fin juin, l’équipe de Terrains Vagues s’installe pour une semaine à la ferme de Sylvain et Loïc. On monte la base vie (cuisine, douche, campement), on rencontre le collectif d’agriculteur·ices voisin et les adhérent·e·s de l’AMAP… le chantier peut commencer !On accueille chaque jour une dizaine de personnes sur le chantier. Petit·es et grand·es s’initient à la scie égoïne ou japonaise, à la taille de mi-bois à l’ébauchoir ou au foulage au pied traditionnel et festif du mélange terre-paille qui nécessite une organisation collective bien rodée. Une belle énergie se déploie autour du chantier et des repas. Parfois, un mystérieux Dj Deschamps – aussi maraîcher de la ferme voisine, la ferme des Volonteux – vient ambiancer le chantier sur place en installant ses platines sur les bottes de paille.
Une centaine de mi-bois sont taillés dans les chevrons en douglas qui constituent les pans de mur, plus tard assemblés par des chevilles en chêne taillées au ciseau ou cloutées. Plus de 3m³ de terre crue sont foulés avec de la paille pour constituer les torches des colombages qui viendront s’enrouler autour du lattis en canne de provence.
Un petit solivage recouvert de toile de jute reçoit des bottes de paille assurant l’isolation par le haut et nous permet de quitter le chantier l’esprit tranquille pour le retrouver fin septembre où nous réalisons les enduits de finition.
Phase 2
L’enduit est composé d’une terre assez argileuse de pigments naturels et de chènevotte visant à armer le mélange et glanée à quelques centaines de mètres du chantier. Après avoir tamisé la terre au seau de maraîcher : c’est parti !Ça barbotine, puis l’enduit de finition est projeté et serré à la taloche. À la fin du chantier, le marché habituel donne un air d’inauguration au chantier. Nous repartons chargé·es en légumes et en déter.
La construction en terre
La terre est durable car son cycle de vie est réversible et peut être mobilisée sous d’autres formes lorsqu’elle n’est pas “stabilisée”. Elle possède un très faible impact carbone et permet une bonne régulation hygrométrique ainsi qu’une excellente inertie. Au-delà de toutes ces considérations techniques, construire avec de la terre que nous avons nous mêmes trouvée, sans acheter de sable, en s’approvisionnant localement et par le biais de la cueillette s’inscrit dans nos engagements.Cette petite case, vivante et sensible à son environnement, nous a permis d’apprendre sur ce qui l'entoure désormais. Nous en prendrons des nouvelles comme celles d’une amie et maintiendrons notre attention sur ses sensibilités et variations.
Merci à Sonia Te Hok, Thomas Denier, à L’AMAP « Mon beau jardin », à Anaïs Renner, aux ami·es de la Drôme et à Dj Deschamps.